Libéralisme et catholicisme
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Message par Forest Ent Jeu 2 Avr - 13:39

Je suis un peu perplexe sur les points suivants :

- Le rôle et l’importance de la maçonnerie.

Étant, par nature, secrète et souterraine, il n’est pas facile de se faire une idée objective sur la question.
Toutefois, avec les moyens modernes d’investigation, le secret tend à se fissurer. On trouve périodiquement des enquêtes dans la presse, qui montrent que beaucoup de postes de pouvoir sont tenus par des francs-maçons ou des gens qui en sont proches. On sait qu’ils sont très actifs dans les fonctions supérieures de la justice et de la police…
Donc oui (malheureusement) je crois que leur influence est très importante. Il semble bien que les lois sur l’avortement, l’homosexualité et l’euthanasie aient été préparées, de longue date, dans les loges.
Dans le cadre des AFC, il y a quelques années, le médecin Maurice Caillet, ancien maçon, avait expliqué de quelle façon il avait été « viré » du poste important qu’il occupait dans le système de santé, à partir du moment où il s’était converti au catholicisme ! Le pouvoir occulte des réseaux francs-maçons n’est pas un mythe…

- Les liens étroits entre la maçonnerie et le calvinisme.

C’est, pour moi, quelque chose de nouveau. Les images que j’ai d’un bon maçon et d’un bon calviniste sont très différentes, voire opposées.
Je perçois un maçon comme un bon vivant qui aime les plaisirs de la vie (et a souvent tendance à en abuser), qui a acquis dans les loges un solide savoir-faire en matière de com ; il est à l’aise en société et « réseaute » beaucoup ; cela lui ouvre beaucoup de portes dans la vie professionnelle et en politique. Il est athée et très anticatholique.
Je perçois le calviniste comme un croyant convaincu qui est entreprenant, travailleur et d’une honnêteté scrupuleuse. Il n’est pas contre l’argent, mais ne l’utilise pas pour son plaisir personnel ; il a généralement un mode de vie austère. La « petite maison dans la prairie » serait une bonne illustration de son mode de vie (vu tout de même avec des lunettes roses…).
On voit mal comment des profils aussi différents pourraient faire bon ménage…
Peut-être cette contradiction apparente vient-elle de la coupure entre la « piétaille » et les élites de ces deux religions. Un peu comme dans le parti communiste d’après guerre où les militants de base étaient souvent généreux et désintéressés, tandis que les dirigeants jouaient à de très troubles jeux de pouvoir ???

- Le colonialisme

Difficile de nier que ce fut, dans bien des cas, des conquêtes militaires brutales et très peu respectueuses des populations locales.
Mais l’argument utilisé à l’époque, à savoir « apporter aux populations colonisées les bienfaits du progrès » n’était pas, de mon point de vue, totalement dépourvu de sens.
Il est de bon ton aujourd’hui de redécouvrir Jean-Jacques Rousseau et de penser qu’avant la « civilisation » les peuples des « bons sauvages » menaient une vie heureuse, pacifique et en harmonie avec la nature. Je crois que la réalité était assez éloignée de ces images d’Épinal ; l’Afrique, en particulier, était le théâtre de violences permanentes : guerres, famines, esclavage etc… La colonisation française y a apporté la paix, un peu comme l’empire romain l’avait fait en Gaule et ce fut un bienfait non négligeable.
La description qui en est donnée est, me semble-t-il, trop noire.
Le rôle positif de l’Église catholique est souligné à juste titre.

- Le libéralisme

Le point de vue qui est exprimé dans cet exposé rejoint (pour une fois) la pensée dominante française, à savoir que le libéralisme est une horreur absolue (auquel on accole de façon presque systématique le qualificatif « d’ultra », ce qui en fait ipso facto un dangereux extrémisme).
Difficile de nier qu’il a conduit et conduit encore à de grandes inégalités et, dans certains cas, à une forme de travail proche de l’esclavage. C’est vrai, ce système est loin d’être parfait.
Mais il me semble bien injuste de ne voir que cela. L’homme a un besoin vital de se nourrir, de se vêtir, de se protéger etc… et cela ne lui tombe pas tout cuit. Il lui est nécessaire de travailler pour transformer ce que lui offre la nature pour satisfaire ses besoins ; et ce n’est pas une mince affaire.

Il faut bien reconnaître que la mise en application des théories libérales a permis de relever ce défi, ce que n’ont pas réussi les autres systèmes qui ont été essayés :
l’économie planifiée par l’état a été mise en œuvre à grande échelle par les régimes communistes et s’est révélée partout désastreuse ; l’autogestion à la sauce yougoslave était très à la mode dans les années 1980 (la CFDT en avait fait son cheval de bataille), qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Alors oui, ce n’est pas la panacée ; il est important d’identifier et corriger ses dérives (je pense en particulier à l’évolution de la finance mondialisée), d’avoir des contre-pouvoirs et des contrôles… Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain !.
L’Église, dans sa doctrine sociale, définit un certain nombre de principes auxquels il est important de se référer, mais il n’est pas dans sa vocation de proposer ou labelliser un système économique.
Il y aurait aussi à dire sur les monopoles et les corps intermédiaires, mais je ne veux pas trop m’étendre sur ce sujet.

- Le positivisme et le progrès

Il y a eu, au 19ième siècle une véritable religion du progrès.
Et il est vrai que cette religion s’est développée contre le catholicisme qu’elle prétendait remplacer.
Ceci dit, l’Église n’a pas été opposée au progrès et elle a participé à son développement.
Je me sens personnellement partie prenante de cette grande aventure collective (atavisme d’ingénieur ?). Je suis émerveillé par tous les objets qui sont à notre disposition aujourd’hui et qui nous facilitent énormément la vie (pour ne prendre qu’un petit exemple, pensons à ce que serait la vie sans machine à laver et réfrigérateur).
Les hommes du 19ième siècle rêvaient du progrès et n’en bénéficiaient encore qu’à la marge. Nous, qui maintenant en récoltons les fruits, avons une certaine tendance à cracher dans la soupe…
Bref, je n’ai pas sur le progrès technique un regard négatif, même s’il y a des ombres au tableau (les armes, l’environnement…).
Pour ce qui est du progrès moral, c’est autre chose…

- Les perspectives d’avenir et la démographie.

La perspective est très noire ; Malthus est à l’honneur.
Il est clair que le mode de développement actuel des pays occidentaux généralisé à l’ensemble de la population mondiale conduit à une impasse.
Il est clair aussi qu’un monde aux surfaces cultivables limitées, n’est pas compatible avec une croissance démographique illimitée.
Il y a là de redoutables défis, mais la vie n’a jamais été simple et les solutions se trouvent en tâtonnant et en expérimentant. Je suis frappé de voir combien les mentalités ont évolué sur ces sujets en une vingtaine d’années…
Le progrès technique ne résoudra pas tout, mais il peut néanmoins apporter une importante contribution.

Et pour le reste, à la grâce de Dieu…

Forest Ent
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Message par Forest Ent Jeu 2 Avr - 13:45

Le rôle et l’importance de la maçonnerie.
Étant, par nature, secrète et souterraine, il n’est pas facile de se faire une idée objective sur la question.
Effectivement. Le fait que tous nos "grands hommes" soient FM aurait dû diligenter au strict minimum une recherche sur le rôle de la FM dans l'histoire de France. Or c'est un secteur vierge de la recherche en France. Les non-dits parlent en creux.
Les liens étroits entre la maçonnerie et le calvinisme.
C’est, pour moi, quelque chose de nouveau. Les images que j’ai d’un bon maçon et d’un bon calviniste sont très différentes, voire opposées. Je perçois un maçon comme un bon vivant qui aime les plaisirs de la vie (et a souvent tendance à en abuser).
Il me semble qu'il pourrait s'agir d'une vision 20ème-21ème siècles, à un moment où la religion s'est déjà évaporée et seul reste le contexte mafieux. Washington, Lincoln, Franklin, Dupont, ..., tous les grands maçons fondateurs des USA n'étaient pas de bons vivants. Les "pères fondateurs" restaient puritains à cette époque. Ca a pu se dissoudre dans le pognon fin 19ème siècle.
Le colonialisme
Mais l’argument utilisé à l’époque, à savoir « apporter aux populations colonisées les bienfaits du progrès » n’était pas, de mon point de vue, totalement dépourvu de sens.
L'Afrique, en particulier, était le théâtre de violences permanentes : guerres, famines, esclavage etc… La colonisation française y a apporté la paix, un peu comme l’empire romain l’avait fait en Gaule et ce fut un bienfait non négligeable.
La description qui en est donnée est, me semble-t-il, trop noire.
Vaste débat. J'ai essayé de montrer que les motivations européennes n'étaient pas géniales.

Cela dit, sans lien direct avec ta remarque, l'Afrique a sans doute bénéficié des persécutions que la maçonnerie a fait subir aux catholiques français. Les ordres expulsés en 1765, 1792, 1881 et 1904 se sont souvent reconvertis dans les missions. C'est ainsi qu'il y a aujourd'hui beaucoup plus de catholiques en Afrique qu'en Europe. Les voies du Seigneur sont impénétrables.
Le libéralisme...
Je suis bien sensible à ces remarques. La première critique que j'ai eue sur ce bouquin concernait la compatibilité entre libéralisme et catholicisme. Pour moi, Rerum novarum de Léon XIII condamne le libéralisme, mais il faut s'entendre à bien définir ce que c'est. Il est possible que notre divergence d'opinion concerne la signification de ce mot. Pour moi, le libéralisme n'est pas la liberté d'entreprendre, qui est antédiluvienne. N'est-ce pas plutôt la dictature qu'est l'interdiction d'interdire ?
Il faut bien reconnaître que la mise en application des théories libérales a permis de relever ce défi, ce que n’ont pas réussi les autres systèmes qui ont été essayés : l’économie planifiée par l’état a été mise en œuvre à grande échelle par les régimes communistes et s’est révélée partout désastreuse ; l’autogestion à la sauce yougoslave était très à la mode dans les années 1980 (la CFDT en avait fait son cheval de bataille), qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Ceci suppose que le libéralisme est à la fois l'opposé et la seule alternative au communisme. Je pense qu'entre les deux, il y a le christianisme. Par exemple Ozanam. C'est la question de la définition du mot "libéralisme".

La liberté économique existait avant le libéralisme. Celui-ci consiste dans la réalité à promouvoir une liberté absolue, sans garde-fous, sur le postulat que le bien collectif est la somme des intérêts individuels. Thomas d'Aquin avait montré le contraire.
Alors oui, ce n’est pas la panacée ; il est important d’identifier et corriger ses dérives (je pense en particulier à l’évolution de la finance mondialisée), d’avoir des contre-pouvoirs et des contrôles… Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain !.
La destruction des contre-pouvoirs est l'originalité du libéralisme réel par rapport à ce qui existait avant.
L’Église, dans sa doctrine sociale, définit un certain nombre de principes auxquels il est important de se référer, mais il n’est pas dans sa vocation de proposer ou labelliser un système économique.
La doctrine sociale de l'Eglise pose comme principe fondateur la notion de subsidiarité, qui s'oppose à la destruction des états et autres corps intermédiaires.
Il y aurait aussi à dire sur les monopoles et les corps intermédiaires, mais je ne veux pas trop m’étendre sur ce sujet.
Tu ne peux donc plus ne pas détailler ce point. Smile J'attends ceci avec plaisir et impatience.
Le positivisme et le progrès
Je suis émerveillé par tous les objets qui sont à notre disposition aujourd’hui et qui nous facilitent énormément la vie (pour ne prendre qu’un petit exemple, pensons à ce que serait la vie sans machine à laver et réfrigérateur). Les hommes du 19ième siècle rêvaient du progrès et n’en bénéficiaient encore qu’à la marge. Nous, qui maintenant en récoltons les fruits, avons une certaine tendance à cracher dans la soupe… Bref, je n’ai pas sur le progrès technique un regard négatif, même s’il y a des ombres au tableau (les armes, l’environnement…).
Il faut néanmoins en apprécier le prix pour les plus pauvres et pour les générations futures. Que sommes-nous sans pétrole ?
Les perspectives d’avenir et la démographie.
Il est clair qu’un monde aux surfaces cultivables limitées, n’est pas compatible avec une croissance démographique illimitée.
Il y a là de redoutables défis, mais la vie n’a jamais été simple et les solutions se trouvent en tâtonnant et en expérimentant. Je suis frappé de voir combien les mentalités ont évolué sur ces sujets en une vingtaine d’années…
Le progrès technique ne résoudra pas tout, mais il peut néanmoins apporter une importante contribution.
Si la planète ne peut supporter une croissance démographique infinie, nourrir plus de gens n'est pas un "progrès". Le vrai "progrès" serait d'arriver à vivre en paix en étant moins nombreux. Cela ne passe-t-il pas par la vertu plus que par la technologie ?

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